Les USA, bonne ou mauvaise leçon !

Publié le par Philippe Dermagne

Le sauvetage de 1.000 milliards de dollars et plus... a donc été accepté par le Congrès. Savoir si cela suffira à ramener la confiance n’est pas la question. D’ailleurs, qui pourrait le dire ?
Ce qu'il est fascinant de constater, c'est la stupéfiante réaction américaine qui repose sur trois mots :

. La puissance
Dès le départ, nos amis d’outre atlantique n’y sont pas allés avec le dos de la cuiller. Il fut immédiatement question de quelques 1.000 milliards de dollars.
Pour fixer les esprits, ce trésor est à l’échelle de la dette d’un pays comme la France, ou encore du PNB de l’Espagne*, six fois celui du Portugal* et plus de dix fois celui de l’Egypte. Malgré leur situation de vulnérabilité, les USA sont toujours la seule nation de la planète à pouvoir monopoliser un tel montant en quelques jours.

La Chine, plus grande réserve monétaire mondiale en dollars où les pays du golfe persique et l’Arabie Saoudite ont-ils joué secrètement un rôle? L'histoire le dira peut-être.

. La rapidité
Il n’aura fallu qu’à peine trois semaines et deux allers-retours entre le gouvernement et le Congrès pour mettre tout le monde d’accord ou presque. Dans ce genre de situation, la vitesse de réaction est évidemment essentielle à la réussite d’un plan de sauvetage. Il y a encore de nombreux « points de détails » à résoudre pour la mise en œuvre de ce plan. Mais il faut souligner la flexibilité des institutions américaines qui ont su réagir au-delà de tout clivage politique.
Il est probable que ce séisme laissera de profondes cicatrices entre les Républicains et les Démocrates et le creusement entre Wall Street et Main Street n’en sera que plus important.

L’actualité économique n’avait jamais été aussi présente dans une campagne présidentielle. Chaque candidat a donné son avis en essayant d’en tirer avantage - on voit le résultat dans les sondages - mais ils ont tous les deux clairement accepté ce plan. En de telles circonstances, j’entends déjà ce qu’aurait pu dire et faire la gauche française.

. Une apostasie économique
C’est sans doute l’aspect le plus spectaculaire. Aux USA, le non interventionnisme de l’état était l’un des piliers de leur mode de fonctionnement. Le restera-t-il ? Entre 1929 et 1933 par exemple, le gouvernement n’était pas intervenu. Seul le New Deal de Roosevelt à partir de 1933-1934 a commencé doucement à lutter contre une terrible crise qui perdurait.
Sans pour autant estimer que ce revirement dogmatique soit définitif, cet événement va sans doute réveiller les consciences d'un libéralisme échevelé.
Certes, il est un peu tard, mais pas trop tard. Même si nous allons tous payer leurs erreurs, les USA sont effectivement la maladie et le docteur à la fois.

Ni bonne, ni mauvaise leçon.
Ce plan de sauvetage est l’illustration d’un atout majeur de ce pays : son pragmatisme. Il vient de démontrer qu’il ne s’accroche pas désespérément à toutes les valeurs qui ont pourtant largement contribué à bâtir sa puissance. Cette remise en question se fait dans la douleur nationale, mais elle se fait !
Quand on voit les inerties de tous ordres qui ralentissent les réformes dans notre pays, nous devrions en prendre de la graine.

                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                            

*Source : Le Monde – Bilan du Monde 2007

Publié dans Politique

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B
Ce qui m'épate après le commentaire précédent c'est que des gens croient qu'en distribuant l'argent aux pays dits en voie de développement, mettons 1000 milliards de dollars en Afrique par exemple, on va les développer alors que l'on est certain qu'on en retrouvera les 9/10 ème sur les comptes des dirigeants dans des paradis fiscaux. Alors, on fait quoi? On les traduit tous devant le TPI? Méfions -nous du bon coeur et des bonnes intentions, si les pays riches cessent de l'être, les pauvres le seront encore plus. Quant à la crise, les USA essaient de réagir, nous l'Europe, dans cette guerre, car c'en est une, nous sommes commandés par Gamelin-Trichet qui réagit mollement et lentement. 3.75 de taux en Europe contre moins de 2, c'est nous qui paieront. Quand on pense que ce pauvre homme a monté ses taux de 0.5 il y a peu (en sous-entendant d'ailleurs qu'il ne recommencerait pas ... comprenne qui pourra) et qu'il se contente seulement de corriger sa formidable erreur et son absence de lucidité, on ne peut avoir confiance. Les diplômes de grandes écoles qui assurent les carrières par le copinage qu'ils induisent sont une catastrophe en France du moins. Pierre Baetz
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M
Ce qui m'épatte surtout, c'est la capacité d'un état à réagir sur un événement qui était prévisible car uniquement sur une relation spéculative et non économique... tactique et non stratégique, l'erreur de base de l'ultra liberalisme US qui racourci le triangle argent vers économie pour argent (valeur réelle) à argent pour argent (valeur virtuelle du système boursier...)Et pour finir dans le naîf... sortir du chapeau 1000 milliard de dollars et étant incapable de sortir les pays qui crèvent  pour beacoup moins cher, cela me dépasse... surtout que cela pourrait être facteur de développement économique donc de nouveaux marchés donc de résultats financiers très positifs pour ceux qui ont  la patiente de construire une vraie économie mondiale juste et un peu plus équilibrée avant que par manque d'autres solutions nous nous fassions massacrer par ceux qui n'ont plus d'autres solutions.
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