A PROPOS DES HOMMES ET DE LEUR PROGRAMME...
Si le débat ne fait plus débat puisqu'il se tient ce matin finalement sur LCI (enfin, aux dernières nouvelles !), il me semble trop facile d'accuser Sarkozy de ne pas avoir tendu la main à Bayrou. Quant aux programmes respectifs, il convient de regarder dans le détail.
A propos des relations entre les deux hommes
Nous aurions assurément tous aimé que Bayrou et Sarkozy finalement se rabibochent. Hélas, mille fois hélas, le gascon semble préférer se tourner vers la gauche dans la perspective de la création d'un grand parti démocrate dont il serait le n°1; ce qui d'ailleurs est loin d'être joué quand on pense à des DSK ou autres Kouchner. Mais ce n'est pas le sujet.
Bref, cette orientation bayrousienne est de l'unique responsabilité de l'intéressé. L'UMP et Sarkozy ont durant des mois tout tenté pour ne pas déclencher les hostilités, notamment par exemple en affirmant haut et fort qu'aucun député UMP ne viendrait rivaliser avec un UDF issu d'un vote d'union UMP-UDF ou UDF-UMP. Les consignes internes à l'UMP étaient clairement de ne pas tirer sur Bayrou et de laisser avancer le trublion béarnais.
Mais le garçon est allé trop loin dans ses critiques pour qu'une telle ligne de conduite puisse être tenue.
Il y a des limites à tout. J'ignore si elle est bonne ou mauvaise pour la suite, mais la rigidité du Sarkozy d'aujourd'hui est la conséquence, non de ses certitudes et de son avance au T1, mais bien plutôt d'un Bayrou qui souhaite jouer la partie seul.
A propos des programmes respectifs
Première remarque, il est évident que le projet de Bayrou est autant à gauche que moi je suis pape ! Cela pour la philosophie générale qui rend si mince la marge de manoeuvre de Bayrou..
Mais je connais assez mon Patrick Gouverneur pour savoir que sa marotte est la profonde évolution des institutions, notamment le mandat unique des députés. Je suis parfaitement d'accord avec lui, à ceci près que je n'accorde pas à cette décision l'importance qu'il lui donne. C'est important, mais sans plus et il y a bien d'autres points institutionnels autrement plus stratégiques.
Quelques exemples :
donner au parlement les moyens de contrôler l'administration
réduire le pouvoir de nomination du Président, avec vote à la majorité qualifiée à l'Assemblée Nationale.
élire le Président de la Commission des Finances parmi les élus de l'opposition
permettre à 60 députés ou 60 sénateurs de constituer une commission d'enquête.
renforcer les moyens alloués aux parlementaires qui se consacrent exclusivement à leur mandat.
Quant à :
L'exonération des charges sociales sur deux emplois de Bayrou. Elle me paraît être moins pertinente que l'exonération de charges sur toute heure supplémentaire, cette méthode évitant l'effet d'aubaine non pérenne. Bien entendu les deux mesures sont conciliables techniquement, mais le sont-elles financièrement ?
Le refus d'aggraver la dette par d'autres dépenses que des investissements : c'est une mesure prévue en toutes lettres dans le projet législatif, repris par Sarkozy.
L'éducation nationale. Sarkozy a entre autre déclaré vouloir mettre en place :
. Autonomie des établissements scolaires
. Etudes dirigées dans tous les établissements après 16h30
. L'indépendance pédagogique des enseignants
. Augmentation du budget de l'enseignement supérieur de 50% en 5 ans.
. Réforme de la gouvernance des universités qui s'engagent sur la voie de l'autonomie.
. valoriser les jobs des étudiants en défiscalisant leurs revenus, même s'ils bénéficient d'une bourse.
…etc, etc.
Mon camarade Patrick, devrait donc relire plus en détail les programmes. Et il ne faut pas me dire que les propositions d'un programme législatif ne sont jamais retenues par le candidat. Ceci n'est pas exact à quelques rares exceptions près, comme par exemple le plafonnement des prélèvements obligatoires, sur lesquels effectivement Sarkozy a mis la pédale douce.
En résumé, sauf en ce qui concerne le mandat unique des députés, les différences sur l'essentiel sont assez minces entre Sarkozy et Bayrou. Je vous tiens le pari que cela sera d'une évidence aveuglante lors du débat Royal-Bayrou.
Mais on va encore me traiter d'encarté* si j'en ajoutais !
* ce que je suis d'ailleurs !