SANTE ET SECU : ENCORE UN DEBAT OCCULTE ?

Publié le par Patrick Gouverneur

Quelle mouche a piqué la Fédération de l’Hospitalisation Privée ( FHP) qui vient de rendre public une étude comparative des tarifs des différents actes médicaux entre l’Hôpital public et les Cliniques privées ?

 

Echauffement des esprits dus aux premières chaleurs ?

Militantisme politique, ou manipulation gouvernementale ?

Habileté tactique d’avant négociation tarifaire ou simple ras le bol ?

A dire vrai on se le demande.

 

Cette étude portant sur des dizaines d’actes révèle en effet des distorsions très importantes entre les tarifs pratiqués par les deux entités.

Et surtout du coup au niveau des remboursements assurés par la Sécu.

C’est d’ailleurs ce que cherche à montrer la Fédé.

 

La Secu si elle remboursait l’hôpital au prix des cliniques conventionnées économiserait  en effet prés de 1.4 milliards d’euros par an !!!

 

La FHP relève 37 % de différence de tarifs entre les deux systèmes.

Un simple exemple édifiant : un accouchement en clinique coute a la Sécu  2 742 euros alors qu’a l’Hôpital il lui en coute  3 140 !!!

(pour la liste complète très impressionnante, allez sur Hostocomparateur.com)

 

A dire vrai ces chiffres ne sont pas tout à fait révolutionnaires, certains médecins de cliniques conventionnées l’affirment depuis des années sans que l’on y prête forcement attention.

Le problème comme souvent n’est donc pas tant la réalité de ces chiffres, certainement connus depuis longtemps par les spécialistes, ceux du Ministère et de la Sécu en tète, mais plutôt de savoir pourquoi on en parle enfin et pourquoi maintenant ?

 

Si c’est pour faire un coup médiatique c’est un peu raté, car le soutien mediatique semble of course inexistant, et en outre faire un « coup » au début des vacances ce n’est jamais bien terrible….

L’affaire semble pourtant sérieuse puisque la FHP qui regroupe l’immense majorité des établissements (plus de 1500) accompagne son action d’une lettre ouverte au Président de la République signée par prés de 1800 professionnels, sur le thème  «  un meme soin a un tarif unique ».

On imagine donc que la démarche n’est pas dénuée d’arrière pensée financière.

Le message au Président serait du type, comme vous ne pouvez pas diminuer les tarifs de l’hôpital, augmentez donc les nôtres….

Pas sur pour autant que le résultat suive vraiment.

En outre on l’a vu le timing n’est peut être pas des plus heureux, et on sait bien qu’un problème qui n’est pas médiatique n’est pas un problème…..

 

Alors, on s’interroge un peu pour tout dire.

 

Certes l’étude apporte de l’eau au moulin de la reforme Bachelot-Sarkozy sur la nécessaire « gestion » de l’hôpital, et de ce point de vue la lettre ouverte ne va pas déplaire plus que cela au Président.

Mais avec un flop médiatique, on doute qu’elle le serve beaucoup….

 

Une démarche un peu démagogique pour satisfaire les adhérents ?

On ne sait pas si les élections professionnelles sont pour bientôt, ni si les négociations tarifaires sont prévues a la rentrée…

Alors…

 

Reste que pour ceux qui veulent bien s’y intéresser l’étude est édifiante, et a pourtant tout pour être l’objet d’un vrai débat.

Pour ne pas dire d’une polémique.

D’autant que la Fédération Hospitalière de France (FHF) celle des structures publiques, n’a pas tarde à réagir ce qui pourrait y contribuer.

Et de leur point de vue a eux ce n’est peut être pas très malin….

«  C’est une véritable agression » a déclaré son Président, l’ancien Ministre Claude Evin. 

« Nous nous avons à assurer des missions de Service public » ajoute t-il sans pour autant préciser les détails

 

« Notre étude porte sur des actes quotidiens et parfaitement ordinaires » rétorque Lamine Gharbi la porte parole de la FHP, « pas sur des actes de médecine de pointe » précise telle.

 

Et comme pour mettre de l’huile sur le feu et appâter les medias ce qui n’est sans doute pourtant pas son intérêt, Claude Evin conclue en disant « nous on ne choisit pas nos malades ».

Délicat comme accusation envers des établissements conventionnés…

«  N’importe quoi, nous non plus » lui assène Lamine Gharbi qui veut sans doute avoir le dernier mot.

Pour l’instant.

 

N’empêche.

On ne peut que regretter la torpeur estivale qui va sans doute conduire à occulter ce débat qui ne manque pas , c’est le moins que l’on puisse dire d’intérêt.

 

37 % de différence sur des actes quotidiens, c’est quand meme énorme et justifierait a tout le moins quelques explications…surtout si on le  rapproche des « performances » douteuses de l’hôpital public ces derniers temps.

 

En outre et pour conclure, je dois confesser que j’ignorais totalement qu’il n’y avait pas  un « tarif sécu » mais deux.

J’étais pour ma part convaincu que par hypothèse le « tarif convention » était le meme partout.

 

Comme quoi il est dommage que le débat soit zappé…

Publié dans Politique

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C
J'ai des fois des envies, comme ça, de commenter, car je ne connais pas vraiment le sujet. Essayons tout de même…J'ai toujours eu le sentiment (question d'éducation) que l'Hôpital public, parce que public, se devait à l'intérêt général et l'impression que les gens qui y travaillent se font un devoir bien sur de nourrir leur famille du fruit de leur travail mais, au delà, de travailler pour le bien public. Ceci, contrairement au privé qui, parce qu'il y a forcément une "histoire de fric" qui entre en jeu, "travaillerait avec, disons, des objectifs de rentabilité qui, bien sur, entacheraient leur "dévouement" et leur vision du travail. Comme si les contraintes financières et humaines ne s’appliquaient pas quand on parle de l’Hôpital public. « Errare humanum est », si je puis dire et toutes mes excuses au gens qui bossent dans les cliniques privées.Or, on ne se refait pas.Encore maintenant, je crois sincèrement à un certain nombre de principes de ce type mais les structures actuelles de l'Hôpital et de tout ce qui va avec ont rendu ce genre de conceptions sinon obsolètes du moins inadaptées. -   D'une part, que je sache, ma règle favorite "il y a des cons et des gens bien partout" et son codicille, "idem pour les salopards" doivent s'appliquer aussi à la santé.<br />  <br />  -  D’autre part, notre société a fabriqué des monstres ingérables (santé, Education nationale, organisation administrative) et j’ai le sentiment que ces structures en sont à tenter de s’autojustifier chaque jour. En d’autres termes, ces structures sont bien sur totalement incapables de se réformer d’elles-mêmes et seul un « tsunami » social ou un « homme providentiel » (c.a.d. un homme qui inspirerait du respect au peuple, y compris à ses détracteurs) pourrait espérer avoir un impact quelconque… bling bling et peintres de la vie en rose s’abstenir….<br />  <br /> Bien sur parmi les gens que notre démocratie à choisis (Président, député. Etc….) il y en a très peu qui, véritablement, regardent au-delà de leur propre ré-élection. On est véritablement en fin de cycle (prospérité en berne, show off à tout va, négligence des principes d’éducation, etc….). Je pourrais allonger la liste. Donc ne comptons pas trop sur nos élus pour réformer.<br />  <br /> Il est très clair que seul un équilibre –public/privé- est à même de tenter de réformer les travers de ce secteur. Cet « équilibre » public-privé est à réinventer chaque matin.<br />  <br /> Si on compare le système français au système américain si cher à qui vous savez, il y a un monde….dans la forme mais surtout dans les mentalités. C’est ce qui fait la spécificité de notre système. Non pas sa supériorité….mais sa différence. Le principe de solidarité, entre autres, doit impérativement perdurer.<br />  <br /> Dans ce contexte, rien ne m’étonne car les contre-vérités sont légions et le fait que le prix des soins en hôpital public  soit plus haut qu’en privé fait partie de ce panel. Une des bases même (et j’en terminerai par là) de la déconfiture de l’hôpital public (n’exagérons rien quand même) provient du gigantisme du système…qui est devenu ingérable. Et je vous prie d’appliquer cette analyse « GIGANTISME » à bien d’autres sujets. Posez-vous la question : Pourquoi la Suisse (j’y suis depuis 39 ans) semble-t-elle aller mieux que les autres ?? Une des réponses : Sa taille et son fédéralisme... CQFD.<br />  <br /> Cincinatus
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