CONFIANCE EN SOI : OU SE TROUVE LE JUSTE NIVEAU ?

Publié le par Philippe Dermagne

Contrairement à Patrick Gouverneur, je ne suis pas déçu du contenu de l'intervention de notre Président. Que vouliez-vous attendre de plus en de telles circonstances ? J'ai cependant un autre crainte...
 
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Nous avons donc eu droit à une révision générale du projet présidentiel. Nous avons eu des scoops authentiques que personne n'attendait (intéressement, financement TV publique, 35 heures...d'accord, pas d'accord, ceci est une autre affaire). Nous avons eu des journalistes nullissimes et là je suis de l'avis de Patrick, qui à eux seuls expliquent en grande partie la médiocrité de la partie questions-réponses.


Je reste convaincu qu'une écrasante majorité de ceux qui ont voté pour Nicolas ne le regrettent pas aujourd'hui. 
Il y a toujours des grincheux qui voudraient que tout change en six mois et que de ne pas y parvenir est une escroquerie honteuse. Soyons sérieux. Sarkozy met en œuvre ce qu'il avait annoncé et, finalement, plus encore.
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De surcroît, fait extraordinaire, il ne cesse de répéter lui-même ses engagements pour être bien sûr que personne ne les oublie.
Cependant, ceux-là mêmes qui lui font toujours confiance, ont, peut-être, parfois, une petite lueur de doutes qui s'allume au fond du secret de leur esprit. Puisque nous sommes entre nous, c'est mieux d'en parler.

Il est des petits signes d'excès de confiance

Prenons deux exemples
1. L'utilisation du mot "collaborateur".
SARKOZY-LIBE-10.01.08-4.jpgLe Président a mis quiconque au défi de retrouver ce substantif dans ses propos, déclarations ou interview depuis huit mois. Evidemment, tous les médias ont recherché si cela était vrai…et ils ont trouvé : c'était le 21 août devant la presse régionale à l'Elysées, annonce Le Canard enchaîné (auquel on peut faire confiance).
Pourquoi le Président a-t-il eu cette position suicidaire sur un point aussi négligeable ? C'est un signe d'excès de confiance.

2. La question sur la monarchie élective de Joffrin.
Certes, le niveau des questions lors de cette conférence fut désolant de faiblesse. Je me répète, mais c'est le constat qui m'a le plus navré, sans pour autant en être surpris. Hélas ! Nous avons vraiment la presse politique la plus conne du monde occidentale ! Désolé pour la grossièreté, mais comment l'exprimer autrement ?
SARKOZY-LIBE-10.01.08-5.jpgBref ! Quelle que soit la question posée, et dieu sait si celle de Laurent Joffrin de Libération était à mon sens particulièrement stupide, le Président n'aurait pas dû traiter ce sujet en humiliant l'intéressé. C'est sans doute difficile, mais il ne faut pas tomber dans ce piège, même vis-à-vis d'un journaliste dont on connaît par ailleurs l'aveuglement, voire la malhonnêteté intellectuelle (il faut lire ses papiers et ses éditoriaux régulièrement).
Si, à l'inverse Nicolas Sarkozy utilisait pour sa réponse, sur ce sujet précis, un ton ostensiblement très sérieux, il ne donnerait pas de grain à moudre à ses détracteurs, sans aucune altération de son discours général.
 
Où est l'important ?
Tout le monde l'admet, y compris ses opposants, c'est un grand maître du Verbe. C'est un orateur hors SARKOZY-LIBE-10.01.08-3.jpgpair. C'est un tribun dont la puissance de conviction est sans doute comparable à celles des Jaurès, De Gaulle ou Debré (Michel évidemment !).
Sarkozy sait qu'il a cette force en lui, qu'il manie de plus l'humour avec une finesse souriante destructrice. Cependant, son talent peut lui jouer des tours. Il peut lui faire commettre des petites fautes qui altèrent la crédibilité de l'ensemble du discours.
Les inconditionnels de Sarkozy se trémoussent et jubilent lorsque Nicolas Sarkozy remet à sa place un journaliste partisan. Ils ont tort. Certes, l'important est de faire sourire parfois son camp. Mais il est aussi essentiel de charmer les indécis en les acquérant à la cause qu'on défend.

Il faut à la fois garder confiance et les yeux ouverts.
Je demeure totalement confiant et solidaire sur le fond de toutes les actions et réformes menées de front. La France avait besoin d'un Président de cette trempe. Plus que jamais laissons du temps au temps. Ne tirons pas de grandes conclusions dès que tout n'est pas parfait ! Qu'on ne veuille ou non, ce Président est unique dans les annales de la République, toute la République. Quant à l'œuvre de la Vème, sous Mitterrand et Chirac, permettez-moi de penser que nous avons perdu environ 20 ans sur nombre de sujets et non des moindres.
Cela ne n'empêche pas de penser et d'écrire qu'un excès de confiance est toujours préjudiciable à l'atteinte de l'objectif poursuivi.
Aimer briller ne doit pas se faire au détriment de l'essentiel.

Et pour terminer, deux petites citations.

"Qui a confiance en soi conduit les autres" Horace
"Le trop de confiance attire le danger". Corneille (Le Cid)

Comme quoi, tout est relatif et savoir où se trouve le curseur pour la justesse d'un comportement est mission impossible.

Publié dans Politique

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