LA PAGAILLE A ROISSY ? BOULETTE OU FATALITE ?

Publié le par Patrick Gouverneur

L’actualité a parfois de ces hasards étonnants.
Alors même que nous nous penchions depuis plusieurs semaines sur le Fonctionnement de l’Etat et les moyens de l’améliorer, voila que la l’incroyable pagaille de l’Aéroport de Roissy met sur le devant la scène ce qui semble être un redoutable « dysfonctionnement » pour utiliser le terme administratif consacré.
La raison évoquée par beaucoup pour justifier ce qui effectivement ressemble sérieusement à une légère boulette…. est la rupture de stock de Roissy en Glycol produit dégivrant des avions.
« Il est surprenant et peu admissible qu'un aéroport tel que Roissy Charles de Gaulle ait ce problème d'approvisionnement. C'est un cas isolé en Europe ». Ce n’est pas moi qui le dit c’est Pierre-Henri Gourgeon, directeur exécutif d'Air France, critiquant la gestion d'Aéroports de Paris (ADP).
« Le pire c’est qu’ADP ne nous a rien dit et que les avions faisaient la queue pour être dégivrés avant que nous ne soyons obligés de débarquer les passagers constatant que l’on ne pouvait pas les dégivrer »
Impressionnante gestion anticipative d'ADP en effet si c’est exact, et qui a cloué au sol près de 300 avions, et des centaines de passagers a l’aéroport.
Il est vrai que lorsqu’il fait froid et qu’il neige … il est difficile d’imaginer qu’il faille du produit dégivrant pour les avions…..et la Direction d’ADP sans gêne aucune évoque les conditions météo « exceptionnelles… »pour se justifier.
 Dans un premier temps le secrétaire d'Etat aux Transports Thierry Mariani a d’abord soutenu cette entreprise publique, en précisant que Bruxelles était dans le même cas, mais en oubliant que Genève et les Aéroports allemands eux fonctionnaient.
Dans un deuxième temps, face a une certaine réalité et aux prises de position d’Air France le ton a changé. Surtout de la part de la ministre des Transports et de l'Ecologie Nathalie Kosciusko-Morizet qui elle a demandé samedi, lors d'une visite à Roissy, la mise en place d'une « mission d'inspection » pour le 10 janvier.
Son but, déterminer si l'aéroport était en situation de pénurie. « Je réunirai avec Thierry Mariani toutes les compagnies aériennes et les partenaires concernés sur Roissy » a déclaré la Ministre.
En attendant, Nathalie Kosciusko-Morizet comme Thierry Mariani fustigent un manque d'information des voyageurs. La ministre de l'Ecologie a tenu à rappeler samedi que « l'information et l'assistance aux passagers sont la responsabilité des compagnies aériennes », déclarent-ils en chœur, histoire qu’Air France ne se défausse pas trop facilement de tous les chapeaux. Il est vrai que l’information des passagers n’est pas le point fort, c’est le moins que l’on puisse dire, des compagnies aériennes, Air France en tête de liste, nous en avons tous fait la cruelle expérience.
Cela dit, on remarquera qu’il est étrange que personne ne mentionne le fait qu’a Orly la situation n’était pas la même... Je sais bien que Orly est beaucoup plus au Sud… mais enfin tout de même….
Air France de son coté y a malicieusement fait allusion
« Contrairement à Roissy, Orly ne fait pas face à une pénurie. Dans cet aéroport, ADP a confié le dégivrage à plusieurs "sociétés d'assistance"  et Air France s'assure lui-même du dégivrage de ses propres avions et ne rencontre aucune pénurie de glycol» assure-t-on au service de presse de la compagnie.
Et pan. Une façon détournée de critiquer la gestion du dégivrage par ADP à Roissy ou on ne s’y connait pas.
La Ministre apparemment fâchée, et qui pourrait lui donner tort, a donc promis de faire la lumière sur cette affaire et d’en tirer toutes les conséquences, dont acte.
Agacée sans doute par cette « exposition » de Roissy déjà largement critiqué on le sait par les étrangers, dont elle se serait bien passé, d’autant que cela fait suite a une intervention de la Commission Européenne qui s’était déjà « posé des questions » la semaine dernière et avait menacé de faire une enquête sans pointer cela dit uniquement Roissy.
Du coup nous suivrons avec beaucoup d’attention  la mise en place de cette « Mission d’Enquête » et surtout les suites qui y seront données si des erreurs de management sont avérées.
Un test grandeur nature du Fonctionnement de l’Etat en quelque sorte, d’autant que les anglais sont confrontés au même problème.
Une comparaison fort intéressante.

Publié dans Politique

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