SARKOZY EN CHUTE DE POPULARITE: Explications

Publié le par Patrick Gouverneur

« Trou d’air », « dévissage », « chute libre » le vocabulaire de la campagne électorale de l’année dernière utilise à propos des sondages et des intentions de vote de Ségolène Royal est de retour.

La presse a retrouvé les mêmes formules mais cette fois ci pour qualifier les sondages de popularité de Nicolas Sarkozy parus récemment.

Et mon petit camarade de blog, ce cher Philippe s’en étrangle de rage…x

Il faut dire que les chiffres impressionnant 10 à 15 points de moins qu’il y a   

3 mois seulement ,c’est énorme.

Bon Appétit Messieurs s’attelle ici a mieux comprendre et à se poser un certain nombre de questions.

 

 Tout d’abord est ce surprenant?undefined

 
Evidemment non.

Jamais un President n’a garde bien longtemps des cotes de popularite de 60%, surtout après avoir été élu avec 53% des voix

Plus que la tendance au fond assez logique et relativement prévisible, c’est évidemment l’ampleur du phénomène qui interpelle, ainsi que la brutalité de la chute

 
Ensuite est-ce justifie ?
 
Je suis en désaccord avec Philippe sur ce point, car ma réponse est Oui.

Nous l’avons dit et redit ici, Nicolas Sarkozy a suscite une formidable attente y compris sans doute chez certaines personnes qui n’ont pas voté pour lui.

Il y a plus d’un an désormais il a porte, pour la première fois depuis prés de 30 ans, un diagnostic d’une rare sévérité sur l’état du pays.

Il y a 2 ou 3 ans encore nous disions la même chose mais nous avions a peu prés l’écho d’un chameau gueulant dans le désert….. .

Et pourtant par certains cotés les propos de Nicolas Sarkozy étaient au moins aussi sévères, si ce n’est plus, que les nôtres.

En deux mots son diagnostic était le suivant

« Depuis 25 ans on a laisse la France prendre un retard considérable et tout est à revoir de fonds en combles »

Pour schématiser sa pensée et surtout ses propos.

Et a  part quelques rêveurs indécrottables ou quelques politiciens de mauvaise foi personne de sérieux, à dire vrai ne lui donnait tort.

Partant de ce diagnostic qu’a dit Nicolas Sarkozy  au français pendant 5 mois ?

« Votez pour moi et je remettrai la France sur les rails ».

Son discours a été crédibilisé par une superbe campagne électorale, un ton résolument nouveau, un pouvoir de conviction réelle et des engagements jamais tenus avant lui

« Je tiendrai toutes mes promesses ».
Engagement répété sans cesse depuis son élection d’ailleurs.
 
 

Un an après son discours et 8 mois après son élection ou en sommes nous ?

 

Honnêtement je ne pense pas que l’on puisse raisonnablement contester le fait que peu de gouvernements ont pris en 8 mois autant de mesures et mis en place autant de reformes que celui qu’il préside.

Parfois même au pas de charge, si ce n’est même dans la précipitation (en tout cas au niveau de la rédaction des décrets d’application…) le Président s’investit d’entrée, prend des initiatives, bouscule ses ministres, secoue les journalistes et de surcroit déclare

«  C’est moi le responsable ».
C’est la fameuse « omniprésence » présidentielle.

Omni présence parfaitement assumée si ce n’est même revendiqué par Nicolas Sarkozy.

Des lors il n’y a rien de surprenant a ce qu’il soit la première victime de résultats médiocres.

 
Car les résultats sont médiocres.

En tout cas dans la partie émergée de l’iceberg, celle que par hypothèse les français constatent tous les jours.

Un des diagnostics répétés sans cesse par Nicolas Sarkozy était que la France souffrait « d’un formidable déficit de pouvoir d’achat ».

Ca n’est pas nous ici qui allons le démentir pour n’avoir pas dit autre chose pendant des années.

Or qu’en est-il du pouvoir d’achat depuis le 6 Mai ?
Il est sans doute encore moindre que ce qu’il n’était.

Les salaires n’ont pas augmente, et les prix eux ont monte sans que le Président y soit pour grand chose.

Du pétrole au litre de lait il est difficile de lui faire porter le chapeau…….

Mais Nicolas Sarkozy a fait beaucoup de promesses et il en tient déjà énormément, mais celle sur le pouvoir d’achat est celle qui a marque les esprits du plus grand nombre et son échec cuisant sur le sujet (a ce jour…) fait qu’il est donc normal qu’il en paye le prix.

Les français sont fortement déçus sur ce point et le font savoir.
C’est la règle du jeu

Quand a la presse, Philippe les connaît trop pour être encore surpris par leur opportunisme et leur versatilité.

Eux aussi sont en quelque sorte dans « leur rôle »
 
Pouvait-il en etre autrement ?
 
Ma réponse est sans hésitation NON.undefined

La plus grande part des mesures et décisions prises depuis 8 mois n’avaient pas pour but de relancer la croissance et le pouvoir d’achat.

Elles avaient pour but soit de réparer des archaïsmes (droit de succession, régimes spéciaux, bouclier fiscal, service minimum etc.…) soit de mettre en place les conditions du renouveau de la France (reforme des universités, retour du bon sens a l’école ou encore modification du contrat de travail……) soit même de reformer de façon intelligente les services de l’Etat (fusion ANPE – UNEDIC).

Et on évoquera pour la forme le pourtant formidable Plan Alzheimer.

Mais vous en conviendrez, aucune de ces mesures ne peut avoir d’effet sur l’économie donc la croissance et donc le pouvoir d’achat, en tout cas a court terme.

Pour indispensables et justifiées que soient toutes ces reformes, pour impressionnant que soit le rythme et la cadence de leur mise en place, personne n’imagine une seconde que l’économie et le pouvoir d’achat puisse en être affectes.

 

Les seules qui allaient dans cette direction ou plutôt qui poursuivaient cet objectif, ce furent la déduction fiscale des intérêts d’emprunts immobiliers (techniquement et politiquement complètement foirée on ne sait trop par qui….) et la fameuse Loi sur les heures supplémentaires.

Le malheur c’est que l’une comme l’autre ne touchait pas le plus grand nombre.

Concernant les heures supplémentaires, cela ne pouvait par hypothèse toucher que ceux ayant la chance de travailler dans des entreprises qui ont besoin d’heures supplémentaires c’est à dire les entreprises qui ont des carnets de commandes remplis.

Hélas elles ne sont pas légion.

On nous dit aujourd’hui que le recours aux heures supplémentaires est « plutôt » mieux que prévu.

Nous on veut bien, mais on serait curieux de savoir combien de personnes sont réellement concernées.

 

Quant aux deux mesures dont on s’accorde à penser qu’elles pourraient être importantes, c’est à dire le rachat des RTT et le déblocage des fonds de participation, elles ne sont…….même pas encore votées.

Donc la encore pas de surprise
 
Pouvait-il faire autrement ?
 
Voilà une excellente question, qu’on vous remercie d’avoir posée….

Essayons d’envisager sérieusement et honnêtement toutes les alternatives car le « yavaitka » et son copain le « fallait kon » ca n’est pas notre genre.

 

Ce qu’il aurait pu faire c’est effectivement de prioriser de manière absolue le pouvoir d’achat.

Mais au risque d’enfoncer de nouveau une porte déjà grande ouverte , il faut bien rappeler que dans un ratio il n’y a que deux chiffres…..

Dans le cas présent du pouvoir d’achat ce sont les prix et les revenus.

Faire baisser arbitrairement et spectaculairement les prix nous ne connaissons qu’un seul moyen c’est la baisse de la TVA.

C’est mécanique et donc ca marche à tous les coups.

Mais « les caisses sont vides » a cru bon de rappeler Sarkozy à ceux faisaient semblant de ne pas le savoir.

Donc impossible.

Impossible du même coup l’augmentation artificielle des revenus par distribution de « richesse » de la part de l’Etat.

Mais on ne peut pas à la fois constater et regretter que les aides multiples et variées dont  bénéficient les français soient une gangrène de notre budget et en même temps les augmenter…

Impasse budgétaire imparable.
 
Encore que impossible, rien n’est impossible….

Mais la seule mesure vraiment spectaculaire sur le sujet qui est la baisse de la TVA revenait à augmenter spectaculairement le déficit de l’Etat  (5 points c’est ce qu’il faudrait, c’est 30 milliards) en le doublant quasiment.

Difficile à faire avaler ca à Bruxelles et a tout le monde après avoir dit et re dit que la dette était « insupportable ».

Honnêtement une telle décision si spectaculaire qu’elle soit, eut été un non sens absolu.

 

En revanche ce qu’il aurait pu faire aussi c’est certaines mesures plus vite et plus fortes.

 
Les 35 heures par exemple.
 

Nous persistons à penser que leur suppression immédiate le 7 Mai au matin était une bonne chose.

Mais pas la suppression juste pour les supprimer, mais  pour les remplacer par une nouvelle durée légale de 37, 38 ou 39 heures payées 37,38 ou 39 heures ce qui revenait à mettre en place immédiatement le « travailler pour gagner plus » mais pour tout le monde.

Il n’a pas fait ce choix, c’est peut être dommage.
 
Ou encore les petites retraites.
 

Sarkozy avait promis (comme tous les autres candidats d’ailleurs…) de réévaluer les petites retraites. Le mois que l’on puisse dire c’est qu’elles sont effectivement un niveau inacceptable.

C’est prévu pour 2008.
Pourquoi 2008 ?
Pourquoi ne pas l’avoir fait tout de suite ?

En même temps que le bouclier fiscal a 50 % par exemple, ce qui aurait au moins permis politiquement « d’équilibrer les choses »

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Egalement les mesures sur les entreprises.
 
En particulier les petits.

C’est notre fameux « Small Business Act » auquel nous sommes attaches et qui paraît de nouveau remis dans les cartons ou il a toujours été….

Une  baisse spectaculaire de l’Impôt Société pour les petites sociétés, la déduction fiscale de certains investissements, les bonus fiscaux pour les entreprises qui embauchent ou augmentent les salaires sont autant de pistes qui marchent…ailleurs

Et qui n’ont même pas été envisagées. Ou a peine.

 Il faut dire que l’idée même que les cadeaux fiscaux aux entreprises puissent avoir un effet sur l’économie est totalement étrangère à tous les énarques qui hantent les ministères.

Pire elle leur donne des crises aigues de boutons tellement leur sectarisme anti –PME est énorme.

Apparemment le Président ne les a pas désavoués.
C’est fort dommage. Doux euphémisme.
 

Et enfin et surtout on aurait pu appliquer le Rapport Attali avant même qu’il soit sorti.

 

C’est bien pourquoi nous l’avons réclamé à cor et à cri, et que nous nous impatientions de sa sortie. Car cette Commission, il faut  tout de même le rappeler est très exactement faite pour cela : « la libération de la croissance »

Honnêtement quand nous entendons le gratin politique du pays rendre hommage a « l’audace et a la créativité » de la Commission Attali il y a de quoi se pincer vérifier qu’on n’est pas en train de rêver……

Au moins une bonne moitie des 300 mesures proposées (si ce n’est plus) est connue depuis des années et en vigueur depuis toujours dans d’autres pays.

Ce n’est tout de même pas Attali qui a découvert, ni inventé que si la grande distribution répercute les marges arrières… les prix vont baisser, ni que si les médicaments sont vendus en hyper, les marges vont se rétrécir, pas plus qu’il n’a invente que quand les soldes sont permanentes les prix se tassent et que si les magasins sont ouverts le Dimanche le consommateur va acheter.

Franchement on se fout de qui ?
Nous aimons bien Attali mais même lui n’a pas cette prétention….

Et nous osons croire sincèrement que Nicolas Sarkozy n’avait pas besoin de Jacques Attali pour savoir tout cela.

On espère vraiment...
 

Non, il est clair que c’est un choix politique (dans le mauvais sens du terme) que d’avoir attendu qu’une Commission « d’experts » mettent noir sur blanc ce qu’il faudrait faire alors même que tout le monde, le Président compris, le savait.

Aujourd’hui le gouvernement dit « qu’il veut aller vite ».

Le rapport est sorti le 23 Janvier, François Fillon parle de décisions mi Février et de projets de lois présentées au Parlement en Mars.

Bravo, on reconnait bien la « rupture » dans les délais.

Mais avait-on « besoin » de la caution des experts pour mettre en place certaines de ces évidences ?

Nous pouvons en douter, et on a perdu un an.

Et ne nous y trompons pas, des projets présentés au Parlement en Mars cela veut dire des lois qui seront en application au mieux en Juin et du coup avec d’éventuels effets en Septembre, puisque chacun sait que la France « s’arrête » le 14 Juillet.

Par conséquent comme nous l’avions déjà dit il y a quelques semaines il n’y a quasiment aucune chance pour que les effets que les français attendent, ceux qu’ils « voient » ou « constatent » n’apparaissent avant la fin 2008.

Avec du coup un corollaire.

Sarkozy est scotche pour un moment dans le négatif en termes de popularité.

La spirale des sondages ne va donc pas s’inverser demain puisqu’elle n’a aucune raison de le faire.

 
 

L’exposition de sa vie privée à telle accentue le processus?

 
Sans aucun doute.
Toutes les études le démontrent.

Il est clair que les « Cecilia Carla bruniteries » n’ont pas aide.

De ce point de vue la, disons le comme on le pense ca n’est pas vole.

Trop de désinvolture ,de sans gêne voire de mépris pour l’opinion ne rapporte jamais rien de bon.

Il n’est sans doute pas un hasard que le début se sa chute de popularité a commence avec l’apparition dans le paysage de Carla……

Apparemment Sarkozy semble avoir compris ; il met la pédale douce.

Il va diner dans des restaurants normaux et évite Disneyland...

Il a, nous l’espérons en tout cas, compris que le môme de sa copine sur les épaules en Egypte c’était très moyen.

Le seul malheur c’est que lorsqu’on se met « à la colle » avec une chanteuse et bien elle chante.

Il paraît que Carla Bruni va sortit un disque bientôt… nôtre petit doigt nous dit que la couverture media ne portera pas exclusivement sur son aspect « artistique »……

 

Une chose est sure, la vie privée du Président, surtout qu’apparemment elle s’est « normalisée » ce week end n’a pas plus d’importance que cela

Quand les performances sont moyennes on a besoin d’une image pour compenser et dans le cas présent l’image s’est pour le moins ternie……..

Mais si le pouvoir d’achat augmente et les performances de la France avec, le Président peut bien faire la fiesta avec des bimbos siliconées, des parties fines avec sa femme et des copines ou même avec des chèvres……… les français s’en fouteront totalement.

Peut-être même qu’ils découvriront des vertus à la partouze et à l’échangisme si les choses vont bien.

Sérieusement cette triste « peopolisation » du Président est une catastrophe avec les résultats actuels.

Cela sera une anecdote s’ils sont bons.
 
L’impopularité est-elle grave ?
 
L’impopularité non. La crise de confiance oui.
En ce moment Sarkozy souffre des deux.

La confiance c’est embêtant car c’est la crédibilité du personnage qui est en jeu.

La popularité on s’en fout. Il faut être clair.

Nicolas Sarkozy n’a pas été élu pour être populaire, et nous espérons bien qu’il n’essaiera pas de l’être à tout prix.

Il a été élu pour réussir, pour redresser la France qui était partie tout droit pour s’enfoncer dans le déclin et le passe.

Et pour cela, il a cinq ans.
S’il doit être populaire c’est en 2012.
Pas avant.

Et si il réussit il sera populaire c’est aussi simple que cela. Et d’ailleurs du coup réélu.

C’est pourquoi je dis à mon camarade Philippe, et à ceux qui seraient sur cette ligne,de ne pas trop s’agacer pour l’instant.

Son impopularité du moment ne pénalise que Perben, Panafieu et consorts qui ne prendront pas les communes qu’un Président « sur un nuage » dans les sondages leur aurait permis de prendre.

Et alors ?
 
Les prédécesseurs de Sarkozy étaient impopulaires…en ne faisant rien.

Au moins la, cela nous change, les français doutent, mais ils doutent sans pour autant remettre en cause les reformes, toutes les études le démontrent.

Ils doutent de leur leader qui tarde à leurs yeux à avoir des résultats, et qui leur a révélé des « faiblesses » et des « fragilités » intimes qu’ils ne soupçonnaient pas.

 

Ces doutes ne se dissiperont qu’avec les résultats, mais ils se dissiperont encore plus vite qu’ils sont apparus dans cette éventualité.

Publié dans Politique

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P
Ah, Cher Patrick....c'est fou ce que nous sommes du même avis !Toutes les raisons économiqueset politiques que tu exposes pour expliquer la chute dans les sondages sont assurément les bonnes....mais c'est précisément ce qui m'agace !Que la gauche, Bayrou le Fou ou Besancenot le Faux en fassent leur plat de résistance... normal...si ce n'est logique.Ce qui me révulse au plus haut point :1. Que ce que j'appellerais les...vibrations troublionnes internes de la Majorité. Elle devrait faire corps sans pour autant tomber dans le système de la pensée unique. Regarde ce que vient de déclarer cet inconscient de Debré. Il n'a jamais aimé Sarko certes, mais est-ce une raison suffisante pour ajouter de l'huile sur le feu ?2. Que nos journalistes n'aient toujours pas compris leur rôle. Je ne parle pas de la presse d'opposition affichée (Libé, Nouvel Obs, Marianne), non je parle de toute la presse (sauf Le Figaro et encore !).  Cette presse devrait dire aux Français la réalité des faits et des contraintes économiques. Elle devrait former notre peuple, lui expliquer que 2 années complètes de gestion (soit fin 2009) sont un minimum avant de prétendre émettre un véritable jugement sur les résultats.Au lieu de cela, elle exacerbe les attentes sous la loupe déformante d'un Sarkozy trop exposé...un terrain sur lequel la presse française joue gagnante.  J'aimerais d'ailleurs que tu fasses pour BAM une petite recherche sur les aventures de mon Ami Bill Clinton. Comment ont réagi les Américains et la presse lorsqu'ils ont appris ses frasques ? Quels ont été les véritables griefs à l'encontre du Président ? Comment les journalistes ont-ils traité le sujet ? Pourquoi n'a-t-il pas été finalement destitué ?C'est parce que je connais la réponse que j'aimerais que tu nous fasses un petit papier la-dessus.
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