MILITANTISME ... ET INTELLIGENCE POLITIQUE...

Publié le par Patrick Gouverneur

Le militantisme rend aveugle. Cela on le savait.

Il rend aussi parfois idiot. On s’en doutait aussi, et pour le coup l’actualité politique récente vient de le confirmer.

De manière curieusement concomitante les deux grands acteurs de la future campagne présidentielle, à savoir l’UMP et le PS viennent d’en apporter la preuve.

 

L’UMP n’a de cesse depuis des semaines d’attaquer le PS sur les primaires. Critiquant tout autant le principe de la competition, que  les modalités avec un ridicule procès en sorcellerie sur un pseudo « fichage politique », et commentant les propos des différents candidats socialistes en campagne. De mon point de vue c’est idiot et dangereux.

Idiot parce que critiquer la primaire en soi c’est hypothéquer l’avenir.

Ce n’est pas parce que la situation particulière du Président sortant se représentant, dispense cette fois ci l’UMP de cette élection qu’il en sera toujours ainsi dans l’avenir.

A voir d’ailleurs ce qui se passe entre les leaders de l’UMP et la profonde amitié qu’ils semblent ressentir les uns pour  les autres, le moins que l’on puisse dire c’est que s’ils ne passent pas par une primaire en 2017 on va au devant d’un véritable bain de sang.

Dangereux parce que comme souvent en politique le but atteint risque d’être très exactement l’opposé de celui qui est recherché.

En l’espèce, en espérant nuire aux socialistes dans l’opinion ils pourraient précisément se ridiculiser en critiquant un système de sélection interne que les français approuvent dans leur immense majorité. Et en espérant mettre de l’huile sur le feu entre les différents compétiteurs ils risquent de contribuer à les rapprocher dans l’objectif de ne pas se diviser et de se rassembler après la primaire.

C’est ce qui se passe semble t-il après quelques semaines d’une campagne jusque la irréprochable entre eux.

 

Le Parti Socialiste de son coté, au non de l’anti Sarkozisme que l’on qualifiera pour le coup aisément de primaire, a refusé de voter la « Règle d’Or » que leur proposait le Président.

La règle consistant à bannir dans le futur tous les déficits budgétaires.

Le PS dans sa grande bêtise de mon point de vue,  a refusé de « tomber dans le piège tendu par Sarkozy ».

Quel piège ?

Celui de mettre en place une règle que l’on sait ne pas pouvoir respecter ou que l’on n’a déjà pas envie d’appliquer ?

Certains me diront que Sarkozy ne manque pas de culot de proposer de mettre en place une règle qu’il a lui-même bafouée depuis 4 ans. Et qu’il manque encore moins de culot de proposer de la mettre en place à partir du prochain quinquennat, c'est-à-dire qu’il risque de ne pas être chargé de l’appliquer….

Certes.

Mais que voulez vous si le culot vous étouffe surtout ne faites pas de politique.

Le culot en politique c’est parfois une bonne manœuvre.

Dans le cas présent je crois que c’est le cas.

Et en ne voulant pas « tomber dans le piège tendu par Sarkozy » précisément ils y sont tombés.

Au lieu de voter cette Règle sous conditions en profitant de cette tribune ainsi dressée pour expliquer leurs réserves, pour dénoncer  le coté manœuvre de la chose chez le Président, et lui renvoyer en boomerang son « coup » médiatique ils ont refusé en bloc et sans quasiment d’explication.

Sauf celle pour le moins sommaire que l’idée vient de Sarkozy.

C’est idiot et la encore dangereux car ils prennent ainsi le risque demain de devoir se justifier sur ce vote, quand il s’agira, s’ils sont au pouvoir, de justifier des promesses non tenues.

Comme disait Clemenceau je crois, pire qu’une erreur une faute.

 

Pour finir sur le sujet et montrer combien hélas la mauvaise foi partisane peut être contagieuse je m’attarderais sur le Rapport de la Cour des Comptes d’il y a 10 ou 15 jours maintenant. Ce Rapport a révélé  au grand jour la mauvaise foi de gouvernement qui a ce stade me parait également relever de l’erreur politique.

Que dit ce Rapport ? Essentiellement deux choses.

La première c’est qu’il ya un problème de délinquance non résolue en France et que la situation ne s’améliore pas.

Franchement jusque la il n’y avait même pas besoin d’un Rapport pour en être convaincu, et nier a ce point les évidences que tous les français «  voient » et « sentent » quotidiennement me semble contre productif électoralement.

Nier la réalité a ce point peut être interprété comme un mépris de l’électeur (ce qui ne lui fait jamais plaisir) ou pire de l’incompétence au cas ou on imaginerait que le gouvernement croit réellement ce qu’il dit, en s’accrochant comme un mort de faim sur des statistiques manipulées. Dans les deux cas cela ne me semble pas un bon plan.

 

D’autant que la deuxième chose que dit le Rapport c’est que pour résoudre le problème de la délinquance il n’y a pas assez de policiers. Vous me direz  la encore il n’y avait pas besoin d’un Rapport pour le savoir… Peut être.

Sauf que dans le cas présent la Cour des Comptes pose le problème a la fois de la répartition et de l’affectation des policiers, mais aussi et surtout de la gestion disons humaine des effectifs. La Cour va jusqu'à dire en effet qu’a un instant T, environ 30% des effectifs policiers sont absents du terrain, soit en congés, soit en maladie, soit on ne sait trop ou…. Ce n’est pas rien.

Je sais bien que les Rapports d’Audit font rarement plaisir, mais ils ne sont pas faits pour faire plaisir. Ils sont normalement faits pour éclairer les dirigeants et leur permettre de prendre les bonnes décisions pour mettre en place les bonnes mesures.

Si on commence par dire que les résultats ne nous conviennent pas c’est mal parti pour que les choses s’améliorent dans l’avenir.

Dans le cas présent la mauvaise foi gouvernementale ne sert pas évidemment pas la cause de l’amélioration de la sécurité, mais je ne pense pas qu’elle serve non plus la cause et l’image de son chef c'est-à-dire le Président dans sa capacité à prendre les problèmes a bras le corps.

Nicolas Sarkozy on le sait a fait de ce dossier son cheval de bataille et la base de son élection en 2007. Mais ce dossier est aussi en grande partie, en très grande partie la cause de l’effondrement de sa popularité et pire encore de la confiance qu’il inspire car il est pour beaucoup le symbole des promesses non tenues, et l’illustration de beaucoup de reproches qui lui sont faits sur le décalage entre ses propos et la réalité.

Il ne me semble pas que le déni par principe singulièrement sur ce sujet sensible soit donc de bonne politique.

Les Rapports de la Cour des Comptes devraient être une bible sur laquelle on s’appuie pour justifier des décisions a fortiori impopulaires. Les traiter comme le Rapport de n’importe quelle Commission Attali ne mène a rien, bien au contraire.

Et est même parfaitement contraire aux intérêts de la Republique. Mais comme vous le savez cet avis n’engage que moi.

 

 

PG JULY 31ST

 

Publié dans Politique

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B
<br /> <br /> Je ne suis pas certain que votre vision de la cour des comptes soit pertinente; l'objectivité n'a jamais été son fort. En ce moment les "magistrats" de tendance droitière sont dans les cabinets<br /> ministériels et autres instances hors la cour; celle-ci penche donc à gauche et la tendance n'est sûrement pas freinée par la naïveté sarkozienne qui a nommé Migaud. Vous verrez que si la gauche<br /> l'emporte, la cour penchera assez rapidement de l'autre côté. Question subsidiaire: aucun avis de la cour n'ayant jamais été suivi, n'y a-t-il pas une économie à faire en ces temps difficiles<br /> <br /> <br /> <br />
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