LA CAMPAGNE EN QUESTION . 5

Publié le par Philippe Dermagne

Je connais trop le caractère bouillonnant et entier de mon compère Patrick pour ne pas lui accorder les circonstances atténuantes. De mon point de vue, il a raison sur le fond et tort dans la forme.

Sur le fond :

1. Nous devons tous rêver de perfection pour notre démocratie, notamment sur le fonctionnement institutionnel.

Mais attention ! Le peuple français n'est pas le peuple américain. La France est prête pour la rupture, mais il ne faut pas l'inquiéter au point qu'elle assimilerait un projet à une trop grande aventure.

Nous pouvons le regretter, mais le fonctionnement de notre nation est un vaste équilibre global qui certes est dépassé, mais qui ne peut évoluer que progressivement, par touches successives, sans se tromper dans l'ordre des touches.

2. Nous pouvons rêver d'une campagne parfaite de très haut niveau où tout serait dit sans calculs politiciens et de façon claire. Cela serait idyllique, mais c'est un Graal.

La question à résoudre est simple : comme être populaire pour être élu et impopulaire pour gouverner ?

Sur la forme :

Il faut faire attention à plusieurs choses :

En France un projet législatif a toujours été l'ossature du projet présidentiel. Je n'ai malheureusement pas le temps de relire tous les discours ou les interventions médiatiques des candidats. J'en ai cependant écouté de très nombreux. 

Je sais donc que la relance économique, l'éducation, l'université, la recherche, les institutions ou encore l'identité nationale, l'Europe… sont des thèmes qui ont été régulièrement abordés, notamment par Nicolas Sarkozy. Je connais Patrick, si nous étions l'un en face de l'autre, il me demanderait immédiatement de lui donner des exemples. Est-ce vraiment utile ?

D'autre part et surtout, il ne faut pas fonder une démonstration sur des faits ou des chiffres erronés. Trois exemples précis sur le texte de Patrick :

- le PC n'a pas 100 Sénateurs mais 21, réunis dans le Groupe Communiste Républicain et Citoyen, soit très exactement 6,3% des 331 Sénateurs, un ratio qui tombe à 3,6% à l'Assemblée Nationale.

- l'avatar des 48.000€ de Hollande n'a jamais été dans le programme du PS. Il est donc logique que Royal puisse s'en détacher et il me semble périlleux de faire le comparatif avec le programme de l'UMP et celui du candidat Sarkozy.

- je ne vois pas où se trouvent les 25 ou 30% de la population qui ne seraient pas représentées au Parlement. Je veux bien 10 ou 12%, mais pas plus ( ce qui est déjà beaucoup, j'en conviens). Il ne faut pas additionner à ces 10 ou 12%, le taux des électeurs qui s'abstiennent. Ceci est, pour partie, un autre sujet !

A propos de nos élections, n'oublions pas un fait

Si Le Pen réunit 16,86% des suffrages lors de la Présidentielle 2002, son parti ne réunissait que 12,2% aux 1er tour des législatives de la même année.

Une Présidentielle donne une sorte de prime au candidat concerné et n'est assurément pas le reflet de la situation réelle du corps électoral.

Ce ne sont pas 25 à 30% des Français qui sont exclus et non représentés. Le vrai chiffre est plutôt de l'ordre de 10%. C'est sans doute trop, mais ce n'est pas 25 ou 30.

En réalité aucun système n'est parfait. Sans parler du scandale du décompte "curieux" des voix dans un County de Floride, Al Gore n'a-t-il pas perdu les élections américaines en 2000 alors qu'il avait globalement obtenu plus de voix que G.W Bush, le système des grands électeurs faisant ensuite son oeuvre ?

Cela étant, pour rassurer Patrick, j'adorerais avoir une bonne dose de proportionnelle dans nos élections législatives. Mais je me pose une question : le remède ne serait-il pas pire que le mal pour les 5 années à venir ? 

Publié dans Politique

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
P
Et bien dites donc pour un pourfendeur de la langue de bois, vos arguments de fond sont diablement conventionnels…Vous êtes le pendant de votre copain le Sarkoziste ou c’est un jeu ?<br />  <br />
Répondre