EDUCATION NATIONALE - SVP RETOUR AUX FONDAMENTAUX

Publié le par Patrick Gouverneur

 

Luc Châtel, nouveau Ministre bombardé à l’Education Nationale, met sans doute à profit ses vacances pour consulter ses dossiers.

C'est-à-dire en fait essentiellement pour savoir de quoi ils parlent, …. puisque le malheureux il vient tout juste d’être en charge de ce domaine hautement sensible, qui lui était jusqu'à présent étranger.  

Enfin en tout cas, on l’espère qu’il potasse ses dossiers.

Car comme tous les Ministres de l’Education, il sera attendu de pied ferme par « ses »  professeurs  au mois de Septembre.

Des lors il vaudrait donc mieux qu’il ait un peu « bachoté » pendant ses vacances afin d’être au point a la rentrée.

 

Si par hasard il cherchait de quoi s’occuper, remarquez, Bon Appétit Messieurs lui a trouvé...

L’été est souvent propice, nous vous l’avons déjà dit, a des enquêtes, des rapports et études diverses souvent fort instructives.

L’école et l’éducation n’échappent pas à la règle, bien au contraire.

D’autant qu’en matière d’éducation il y a une particularité : toutes les études sont compliquées, car pour être fiables elles doivent être organisées sur un très grand nombre. Ce n’est donc pas très simple.

Du coup, les études les plus intéressantes et les plus fiables sur l’éducation en France sont celles publiées par… l’Education Nationale.

Et contrairement a ce que pourrais peut être croire certains d’entre vous, figurez vous qu’elles sont nombreuses.

Il y a même une Direction spéciale du Ministère qui en est en charge, c’est la Direction des Etudes.

Des fonctionnaires de la rue de Grenelle qui étudient et jugent les performances de leurs collègues …

Voila une petite équipe qui ne doit pas jouir d’une popularité formidable au ministère, et qui ne croule sans doute pas sous les invitations aux pots de départ en retraite…..

 

N’empêche que, populaires ou pas, ces gens la publient régulièrement des études et des rapports qui sont la seule source d’informations incontestable, et incontestée d’ailleurs, sur les performances de notre système éducatif.

 

Evidemment l’inexistant retentissement médiatique… généralement donné a leurs travaux, donnent sans doute l’impression a tous ces gens la que ce qu’ils font et rien est a peu près pareil.


Evidemment les syndicats ne veulent pas surtout pas entendre parler du mot « performance », qui pourrait être synonyme de reforme ou de remise en cause,…

Pensez donc.

 

Et  le Ministre en charge, lui range très soigneusement les rapports sur une étagère destinée a cet effet, en espérant de tout cœur qu’ils y restent…., faute de quoi il serait obligé de prendre des décisions…..ce qui du coup va mécontenter les syndicats.

Mauvais plan…

 

 

N’empêche que imperturbable, la Direction des Etudes continue d’étudier et de publier des résultats même si tout le monde s’en fout.

Et le dernier rapport est d’ailleurs édifiant.

 

Le ministère de l’Education a en effet fait passer un test de lecture aux 800 000 jeunes de 17 à 23 ans qui ont passé leurs journées d’appel et de préparation à la Défense.

Et les résultats font peur, il n’y a pas d’autre mot.

12 % ne savent pas lire ! La Directrice des Etudes au ministère ne tourne pas autour du pot « ils sont analphabètes » dit-elle.

12 % c’est déjà énorme.

Mais ce qui est beaucoup plus inquiétant et proprement stupéfiant c’est la suite.

10 % supplémentaires sont qualifiés de « lecteurs inefficaces ».

Lecteur inefficace est un de ces euphémismes dont l’Education Nationale a le secret pour qualifier des  gens « qui en fait ne savent pas lire » précise sans détour Marie Claude Masson, professeur de français interrogée par Le Parisien.

 

Il faut dire que l’épreuve est en effet bien ambitieuse, jugez plutôt.

a lecture porte sur un programme de cinéma et immédiatement après le « lecteur » se voit posé des questions du type

« à quelle heure se joue tel film ? »

Ou « quel est l’acteur principal ? »

« Lecteur inefficace » est donc comme vous pouvez le constater d’une extrême gentillesse.

 

Je pense que vous serez comme moi effaré, et que ces chiffres vous donneront froid dans le dos.

D’abord par leur ampleur.

 22 % de jeunes français qui ne savent pas lire, cela est quasiment 1 sur 4, c’est effrayant.

 

Ensuite par la persistance d’un tel nombre.

Ce nombre ne diminue pas au fil des années, pire il augment légèrement à en croire les auteurs de l’étude…

Au début du 3e millénaire cela laisse tout de meme terrifié.

 

 

 

 

Franchement je trouve que de tels résultats sont effrayants.

Car depuis que le monde est monde, la race humaine vit dans l’idée que pour savoir lire il suffit d’apprendre.

Ou différemment énoncé, que ceux qui ne savent pas lire, c’est tout simplement qu’ils n’ont pas eu la chance qu’on leur apprenne.

Or dans le cas qui nous occupe, tous les jeunes français ont justement cette « chance ». Car comme chacun sait ce n’est pas seulement une chance, mais c’est aussi une obligation (jusqu'à 16 ans).

 

Alors comment se fait-il que prés d’un sur quatre ne puisse profiter de cette chance ?

Par quel mystère prés de 25 % de l’ensemble des enfants qui sont obligatoirement scolarisés à partir de 3 ou 4 ans puissent quitter l’enseignement primaire sans savoir lire ?

 

Quel est le problème ?

La méthode d’enseignement est mauvaise ?

Les professeurs sont mal préparés ?

Les effectifs par classe sont inadaptés ?

Le nombre d’heures affectées à cet apprentissage est-il insuffisant ?

Un peu de tout cela la fois ?

 

Quelques soient les raisons, elles sont inacceptables,  il est impardonnable qu’elles perdurent.

 

Au risque de passer pour un vieux radoteur qui raconte tout le temps de vieilles histoires je ne peux que livrer à votre réflexion cette expérience personnelle.

Ma vieille grand-mère, feu mamie Suzanne qui était pourtant née a la fin du 19eme siècle, qui avait quittée comme beaucoup a l’époque l’école avec son Certificat d’Etudes en poche a l’âge de 13 ou 14 ans, et avait ensuite été 50 ans de sa vie une estimable mais modeste boulangère pâtissière dans le 12eme arrondissement de Paris, m’écrivait lorsque j’étais adolescent en vacances, des lettres de 5 pages sans aucune faute d’orthographe, et a plus de 80 ans dévorait des bouquins de 5oo pages en quelques jours.

 

 

Alors comment et pourquoi nos 25 % de mômes qui eux vont a l’école jusqu'à 16 ans en sont-ils incapables ?

Comment et pourquoi ces jeunes sortent-ils du primaire avec un tel niveau ?

Comment et pourquoi passent-ils les mailles du filet ?

Comment et pourquoi peuvent-ils être autorisés à entrer en 6eme dans un tel état ? Personne ne réalise-il que de tels handicaps sont insurmontables ?

Personne ne réalise-t-il qu’au delà même de l’école que ces mômes naturellement arrêteront assez rapidement c’est toute leur vie qui est handicapée ?

 

Comment imaginer la moindre formation professionnelle a quelque moment de sa vie que ce soit si on ne sait pas lire?

 

 

Alors de grâce, ne serait-il pas temps du coup de non seulement se revenir a des objectifs comme dans le primaire que les mômes sachent lire, écrire et compter mais qu’ils le sachent TOUS

 

Ne serait-il pas temps d’y consacrer les ressources en professeurs ou en heures  nécessaires ?

Ne serait il pas temps d’arrêter de se cacher derrière son petit doigt ?

Ne serait-il pas temps d’arreter de nous servir et de nous étaler a longueur de tartines, la tarte a la crème du « grand service national d’éducation » surtout quand il ne s’agit tout simplement que de s’en servir a usage corporatiste ?

Ne serait-il pas temps de revenir aux vrais fondamentaux ?

Ne serait-il pas temps que les professeurs comme les pouvoirs publics ne règlent plus leurs comptes politico-idéologiques sur le dos du quart de nos enfants, mais se préoccupent des vrais problèmes ?

 

Bonnes vacances Monsieur le Ministre

Publié dans Politique

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